École française, école catalane ? C’est la question que l’on se pose forcément quand on projette de partir vivre à Barcelone en famille. C’est une question que l’on nous pose souvent et à laquelle il n’est jamais évident de répondre. C’est un choix personnel qui dépend surtout de vos projets, de votre enfant, de votre budget !
Voici donc le témoignage de Marina, expatriée depuis bientôt 2 ans.
Elle a choisi de scolariser l’un de ses enfants en école catalane, et l’autre au lycée français. Elle nous explique pourquoi, notamment concernant la scolarisation à l’école catalane, ainsi que de nombreux conseils pour vous aider à faire votre choix !
Bonjour Marina, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour à ceux qui nous lisent ! Je suis Marina Serr et je suis :
– Femme active et Maman : Je suis mariée à un franco-britannique, maman de 2 magnifiques enfants de 6 et 3 ans. Nous avons un lien fort avec l’international. Après avoir vécu en Italie et voyagé sur tous les continents, nous nous sommes maintenant installés à Barcelone depuis juillet 2022. J’adore faire du sport (padel, natation, ski, ski nautique, télémark…) et des rencontres, être entourée de mes amis, si possible, autour de bons petits plats et de bons vins.
– Entrepreneuse et Business Coach passionnée : j’accompagne les entrepreneur.es, les dirigeant.es et les salarié.es (ou chercheur.es d’emploi) à mieux appréhender une phase de changement, atteindre leurs objectifs, trouver une stratégie basée sur l’action et alignée sur leurs forces afin de créer plus d’impact dans leur business et leur vie.
– Fondatrice du Rendez-vous des entrepreneuses de Barcelone : un groupe d’entraide et de transmission au fonctionnement participatif, basé sur un principe humaniste simple : nous sommes toutes dotées de talents uniques (et bien souvent complémentaires) que nous gagnons à partager.
Les entrepreneuses préparent et animent en binôme leur propre RDV, à raison d’une fois par an maximum, sur des thématiques en lien avec le business.
C’est aussi un groupe où chacune peut s’exprimer en toute authenticité et montrer ses forces mais aussi ses vulnérabilités.
Un groupe où la bienveillance et le partage permettent à chacune d’échanger et d’avancer.
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Nous vivons à Barcelone depuis juillet 2022.
Pourquoi avoir choisi Barcelone pour vivre ?
Nous avions envie de repartir à l’international, au soleil, sans s’éloigner trop de la France, être dans une grande ville mais proche de la mer et des montagnes.
Nous avions également envie de voir grandir nos enfants dans une communauté internationale, apprendre d’autres langues, s’ouvrir sur le monde.
Barcelone coche toutes ces cases.
Nous n’avons pas attendu de trouver un travail sur place pour bouger. La vie est trop courte.
Vous avez décidé de scolariser vos enfants en école catalane, pourquoi ce choix ?Quelles étaient vos craintes ?
Nous avons décidé de scolariser l’un de nos 2 enfants en école catalane, l’autre en école française.
Lire aussi : Les écoles, collèges et lycées français de Barcelone
Ce choix a été fait en fonction de ce que nous pensions le plus adapté pour chacun d’eux et en fonction aussi de leur âge d’arrivée.
Il y a des avantages et inconvénients des 2 côtés.
Pour ma fille aînée, la communication est très importante. Elle était dans une phase où l’apprentissage de la confiance en elle était très fragile. Par ailleurs, ne pas réussir à s’exprimer, l’idée de déménager et quitter ses amis était très difficile pour elle. Donc nous avons opté pour une transition plus douce en école française.
Pour mon fils, il ne parlait pas encore à notre arrivée, donc la question ne s’est pas posée longtemps.
Nous sommes attachés à la culture française et en même temps l’Espagne est notre pays d’adoption. Nous voulons nous intégrer. Cela passe clairement par les langues. Pas à pas.
Idéalement, nous aimerions que nos enfants aient vraiment la triple culture (Fr, Esp, Anglaise par leur papa et leurs cousins à Londres) et qu’ils apprennent à bien lire et écrire en Français, et aussi en Espagnol et catalan.
Lire aussi : Une éducation en Français à Barcelone ? 5 alternatives aux écoles Françaises
Enfin, notre contexte à nous aussi a joué puisque nous avions nous mêmes de gros challenges ayant quitté Paris sans revenus, mon mari en recherche d’emploi et moi, lançant mon activité de business coaching.
Nous savions que notre installation serait challengeante.
Cette année, notre aînée a vraiment pris confiance et est prête à faire des activités en immersion. C’est une première étape. Peut-être que nous la passerons en école locale plus tard.
Comment vos enfants ont réagi quand vous leur avez annoncé ?
Comme une grande aventure. Avec un peu d’appréhension. Nous en avons beaucoup parlé avec eux pour essayer d’expliquer et rendre plus réalistes les changements.
Les livres de Catherine Dolto sur le déménagement et « partir à l’étranger » nous ont beaucoup aidé à créer des espaces de communication avec eux.
Nous avons également été très présent pour accueillir leurs difficultés tout au long du parcours et ensuite les aider à ouvrir leurs perspectives et positiver.
Comment se sont passés les premiers jours ?
Pas facile de changer pour eux, comme pour nous !
Même si, les premiers jours voire les premières semaines sont souvent vécus comme une lune de miel! Et cela a été le cas pour nous.
Pour moi, l’enjeu n’est pas seulement les premiers jours.
Nous surmontons encore certains obstacles aujourd’hui.
Et c’est normal.
Pour les lecteurs qui envisagent une expatriation, le risque est de trop idéaliser ces changements.
Une expatriation chamboule et impacte tous nos domaines de vie : la famille bien sûr, la vie sociale et l’intégration en local mais aussi le boulot, le couple et la sphère personnelle, généralement aussi les finances.
Ce n’est pas à prendre à la légère !
Je conseille de :
1. Bien s’informer et se préparer
L’information est importante. Je conseille de bien se renseigner avant un tel changement. Se déplacer, parler à un maximum de gens sur place de leur expérience.
La préparation aussi est très importante, pour les parents comme pour les enfants.
Je conseille de travailler sur les raisons du changement (on a plus de chance si on part pour les « bonnes » raisons) pour donner du sens au changement (ce qui permettra d’être plus résilient) et s’assurer qu’on va trouver la majorité de ce qu’on recherche, et ainsi éviter une grande déception.
2. Reconnaître et gérer le stress lié au changement
Un tel changement se situe dans le haut de l’échelle du stress (après décès, divorce et licenciement), surtout s’il est subi (dans le cas d’un suivi de conjoint par exemple).
Dans ce cas, connaître les différentes phases du cycle du deuil peut aider à accepter le changement (modèle Kübler Ross).
Et parfois, selon votre situation, les facteurs se cumulent !
Comme nous, avec la recherche d’emploi de mon mari et le lancement de mon activité de Business Coaching.
Reconnaître le stress lié au changement est l’un des facteurs clés de la réussite d’un tel projet.
3. Adopter un mindset positif et une posture ouverte et curieuse
Il peut être intéressant de faire un travail sur les croyances et le mindset.
On peut apprendre à positiver les décalages (il y en a, inévitablement).
Adopter une posture ouverte. Admettre que je n’ai pas toujours raison. Apprendre à être patient et connaître les différentes phases que nous allons traverser.
Il y aura une phase de deuil de ce qu’on connaît et de notre vie d’avant pour pouvoir construire quelque chose de nouveau et s’adapter.
Une installation à l’étranger étant particulièrement challengeante, un accompagnement peut être vraiment bénéfique pour trouver un nouvel équilibre.
Quelles sont les différences que tu as remarquées avec le système français ?
Les parents sont plus écoutés et mieux accueillis, en tous cas à Sagrado Corazon où est scolarisé notre fils. Nous sommes les bienvenus dans le quotidien de l’école, dans l’enceinte de l’école le soir. Les parents et enfants restent et jouent dans la cour. C’est très chaleureux. Cela favorise aussi les rencontres, l’intégration pour nous venant de l’étranger.
Il y a plus d’implication. Il est aussi plus facile de faire bouger les choses.
En revanche, Ils ont moins de vacances, pas de coupure le mercredi : pratique pour nous 😉 , et en même temps dur dur pour eux en bas âge.
D’un point de vue plus large, le système de santé et également le droit du travail sont très différents, mais également la fiscalité. Nous sommes très très bien lotis en France. A bien anticiper donc.
Vos enfants parlent-ils désormais couramment le catalan et l’espagnol ?
L’aînée non, je regrette qu’il n’y ait pas plus de cours en Catalan et Espagnol au Lycée Français. Le petit oui, absolument.
Et vous, parlez-vous catalan ? Pouvez-vous les aider dans les devoirs, la lecture … ?
Non. Je les aide quand même, on trouve des solutions. Enfin, pour le moment (P2, CP) le niveau reste acceptable.
J’apprends d’abord l’espagnol à raison d’1h30 par semaine avec une prof formidable : Hélène Roden. Chaque chose en son temps. On verra pour le catalan.
Lire aussi : Cours de catalan gratuits à Barcelone
Peux-tu nous dire comment se déroulent les semaines niveau horaires ainsi que les vacances scolaires ?
Ils ont cours tous les jours de la semaine de 9h à 17h.
Des vacances à Noël (légèrement plus longues qu’en France avec les Rois Mages), Pâques 1 semaine, 1 pont. C’est tout !
Comment ça se passe pour les inscriptions ? As-tu eu des difficultés à trouver une école ? À faire les démarches pour les inscrire ?
Tout a été très fluide et facile. Ils ont un système de loterie aléatoire et à points. Vous mettez vos choix prioritaires et en fonction du tirage au sort, vous avez la réponse. Nous ne sommes pas dans une zone où il manque des places donc nous n’avons pas de souci. En revanche, les résultats sont tardifs et si vous avez besoin d’un back up en école privée ou internationale j’imagine que ça doit être plus compliqué.
Lire aussi : Inscriptions aux écoles à Barcelone
Est-ce que tu envisages l’école française pour le collège par exemple ?
Même peut être pour le CP, j’ai encore 3 ans pour décider. Mais si je peux lui apporter d’une façon ou d’une autre l’enseignement du français correctement, je ne changerais probablement pas.
Quels conseils donnerais-tu à une famille qui hésite encore entre le système français et catalan ? Les avantages et les inconvénients du système catalan par exemple ?
Tout dépend de ce que la famille recherche. Je crois qu’il y a des avantages et inconvénients dans les 2 systèmes, et aussi selon la situation de chacun. Ce sont des choix très personnels en fonction des priorités, des possibilités aussi. L’école française coûte cher, et les autres options (anglaise, américaine, …) encore plus.
Je conseille aux familles de se mettre en contact avec un maximum de personnes qui ont fait des choix différents, de noter ses propres priorités en les hiérarchisant, de lire et s’informer, de visiter les écoles si elles le peuvent.
Ce qui me plait aussi dans l’école Sagrado Corazon c’est qu’il n’y a pas de personnel externe jusqu’en CP, ce qui assure plus de sécurité pour nos enfants si petits.
Un petit mot pour la fin ?
« Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… Elle est mortelle… » Paulo Coelho
Quelle belle aventure nous vivons là. Merci de m’avoir lue jusqu’au bout.
Je vous souhaite de vivre ce que vous avez à vivre, d’avoir confiance quoiqu’il arrive et de ne rien regretter !
Marina Serr
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