Quand les enfants de Marie-Pierre ont eu l’âge d’aller à l’école, son premier choix s’est porté sur l’école française de Barcelone. Malheureusement (ou pas ! Vous verrez), il n’y avait pas de place. Ses enfants ont donc suivi le cursus local. Elle nous raconte toutes ces années scolaires, son ressenti et comment cette option s’est finalement révélée positive pour tout le monde !

1. Le projet initial : l’école française
Pourquoi souhaitais-tu inscrire tes enfants à l’école française au départ ?
Pour leur transmettre le français à un niveau académique d’un natif vivant en France. Par souci de transmission de ma langue maternelle et de bien faire.
Leur offrir un niveau élevé et des cours réguliers (les profs indépendants, souvent étudiants, sont instables et rarement disponibles pour l’année scolaire complète).
Qu’est-ce qui t’attirait dans le système français à l’étranger (programme, langue, continuité, diplômes…) ?
Enseignement réputé de qualité, intense.
Je ne connaissais pas encore l’existence du Bachibac.
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2. Le choix de l’école catalane
Comment avez-vous choisi l’école catalane où vos enfants sont finalement allés ?
Par recommandation et grâce à un membre de la famille qui enseigne dans la même école.
Aviez-vous des appréhensions sur le système éducatif local (langue, pédagogie, culture, etc.) ?
En primaire surtout, j’étais très dubitative sur l’apparition de la méthode d’enseignement par projet.
Mais finalement, mes enfants se sont vite rendu compte que le système français aurait été trop rigide pour eux.
As-tu eu un bon accompagnement en tant que parent non catalan dans les démarches ?
Oui, puisque mon conjoint est catalan. J’ai mis un point d’honneur à apprendre moi-même le catalan pour être en mesure de communiquer avec les professeurs.
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3. L’adaptation et la scolarité au quotidien
Comment s’est passée l’intégration de tes enfants au début ? Et pour toi en tant que parent ?
L’école primaire et la ESO ont été très ouvertes pour ajouter des extrascolaires en français.
J’ai démarché l’Association La Langue de Molière, qui depuis 7 ans maintenant, dispense des cours (option : midi / après-midi).
Nous avons depuis instauré avec l’AMPA une fête de printemps où un pays et sa langue sont célébrés à travers des jeux, chants, danses et ateliers gastronomiques.
Quelles ont été les plus grandes difficultés ?
Trouver de la constance. Remplir les groupes de français (à mesure que les enfants grandissent, ils doivent faire des choix entre le sport, la musique et/ou les langues : ajout de l’allemand et de l’anglais renforcé).
Tes enfants parlent-ils catalan, français et espagnol couramment aujourd’hui ?
Oui.
Quelle langue préfèrent-ils ou du moins sont-ils le plus à l’aise ?
En catalan.
4. Le maintien de la langue française
As-tu mis en place des stratégies pour que le français reste présent dans leur quotidien (lecture, télé, cours de soutien, discussions, etc.) ?
Petits, nous avions notre rituel du dimanche matin : regarder ensemble TV5Monde et Arte.
Bayard Jeunesse – Jusqu’à l’adolescence, ils ont été abonnés aux magazines de Bayard Presse + plateforme interactive.
Lecture : Le Club des 5, toute la série des Cabanes magiques.
Pièces de théâtre et contes pour enfants : agenda de l’Institut français.
Écriture : correspondance postale avec les grands-parents.
Avec le passage au téléphone portable : disparition du jour au lendemain de cette bonne pratique. 😉
Tes enfants parlent-ils et écrivent-ils bien le français aujourd’hui ?
Ma fille de 16 ans a passé le DELF.
Mon fils de 13 ans suit des cours pour ados à l’Institut français. (Oral correct, mais l’écrit manque de fluidité.)
5. Regrets ou changement de cap ?
As-tu envisagé de réintégrer le système français plus tard (collège, lycée…) ?
Pour moi, ce serait idéal que mon fils intègre le lycée français.
Mais il s’y oppose. L’option du Bachibac n’est pas proposée dans l’école catalane, ce qui impliquerait un changement d’établissement. Mais c’est inenvisageable de son côté. Il est confortable là où il se trouve.
Y a-t-il eu des moments où tu as regretté de ne pas avoir insisté pour une place à l’école française ?
Non, car ce serait s’opposer au ressenti de mes enfants.
Avec le recul, penses-tu que le parcours catalan a été une bonne décision ?
Finalement oui, car le Covid est arrivé le dernier semestre de sa 6e.
Nous étions confinés, interdiction de faire les visites de collège.
Nous nous en sommes remis aux recommandations, qui se sont révélées être un choix judicieux.
De plus, le rythme à la française me semble ingérable : vacances toutes les 7 semaines.
6. L’avenir scolaire et universitaire
Tes enfants peuvent-ils passer un double diplôme (comme le Bachibac, par exemple) ?
À minima, le DELF.
Ma fille vient d’obtenir son diplôme American Dual. Son français académique est en stand-by actuellement.
Et mon fils commencera la préparation du DELF à la rentrée de septembre 2025.
Lire aussi : Passer le DELF à Barcelone : tout ce qu’il faut savoir.
Est-ce qu’ils envisagent de faire leurs études supérieures en France ?
Très certainement pour mon fils.
Si oui, est-ce que c’est facilement envisageable avec leur scolarité actuelle ?
Il doit mettre les bouchées doubles avec les cours qu’il prend à l’IFB.
La formule de cette année a bien fonctionné : création de podcast, visite de Catalunya Radio, mini-pièce de théâtre avec écriture du scénario, exposé (écrit / oral).
Quels sont, selon toi, les avantages ou limites d’un parcours catalan pour des enfants français à Barcelone ?
Avantages : horaires aménagés pour les voyages scolaires (en particulier pour ma fille, qui est aussi ambassadrice Junior Européenne).
Autre gros avantage : le tri- et quadrilinguisme.
Dernier avantage du système catalan : la logistique familiale simplifiée ; pas de rotation des 7 semaines de vacances.
7. Un conseil aux autres familles ?
Quels conseils donnerais-tu aux familles françaises qui arrivent à Barcelone et qui n’ont pas de place à l’école française ?
Les écoles catalanes privées ou publiques de quartier sont très à la hauteur des attentes des nouveaux arrivants.
Keep it simple. Close from home.
Que faut-il savoir avant de faire le choix de l’école locale ?
Se familiariser avec le système de points, qui permet de rentrer de façon favorable (ou non) à l’école placée en premier souhait sur la liste.
Les familles entrent dans des considérations statistiques et démographiques de leur quartier, à faire sourire les travailleurs de l’INSEE…