Barcelone est-elle une ville adaptée aux adolescents ? Est-elle sécurisée ? À quel âge peut-on les laisser sortir seuls, leur donner un téléphone, de l’argent de poche… ? L’arrivée de l’adolescence soulève bien des questions ! Pour y voir plus clair, nous avons échangé avec Laura, maman de deux ados à Barcelone !
Peux-tu nous parler de ton parcours à Barcelone ? Depuis combien de temps y vis-tu et quelle est ta situation familiale et professionnelle ?
J’habite à Barcelone depuis presque neuf ans. Il y a cinq ans, j’ai fondé Clic2Com, une agence de communication dédiée aux dirigeants solos. Et sur le plan personnel, j’ai deux filles de 18 et 15 ans.
Trouves-tu que Barcelone est une ville sûre pour les ados ?
En général, oui, Barcelone est une ville agréable et plutôt sécurisée. Comme dans toutes les grandes villes touristiques, il faut être vigilant, notamment face aux pickpockets. Pour les adolescents, les risques sont plus liés aux sorties nocturnes, facilité par l’ambiance festive. C’est un point sur lequel il faut rester attentif.
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Vois-tu une différence entre la France et l’Espagne en matière de sécurité pour les jeunes ?
Oui, surtout en ce qui concerne les jeunes filles. En France, elles sont plus souvent accostées ou interpellées dans la rue, ce qui crée une ambiance différente. Sur la sécurité en général, il est difficile de comparer entre les pays. Cela dépend des villes et des quartiers. Mais globalement, mon ressenti est que l’Espagne est plus sécurisée que la France.
À quel âge as-tu donné un téléphone à tes filles ? Était-ce une nécessité ou un choix ?
Elles ont eu leur premier téléphone à l’entrée au collège. Est-ce que c’était une nécessité ? Non, on peut vivre sans. Mais 80 % de leurs amis en avaient un, donc c’était compliqué de les mettre à l’écart. En plus, elles commençaient à se déplacer seules en ville, donc ça nous rassurait aussi. L’accès au téléphone implique aussi l’accès aux réseaux sociaux et à Internet. On a essayé d’accompagner cette transition progressivement.
As-tu utilisé des outils de contrôle parental ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
Oui, au début. Mais elles ont souvent réussi à les contourner… sauf pour la gestion du temps d’écran, qui s’est avérée utile et qu’elles utilisent d’ailleurs encore aujourd’hui de manière autonome. Plutôt que de miser sur le contrôle, on a préféré instaurer un climat de confiance et de dialogue.
Les réseaux sociaux te stressent-ils ou fais-tu confiance à tes filles pour les gérer ?
Les réseaux sociaux sont une formidable source d’informations… à condition de savoir trier et analyser ce qu’on y trouve. Très tôt, j’ai essayé de leur apprendre à faire la part des choses. C’était un défi, car moi-même, je n’avais pas vraiment été formée à cela.
On a toujours misé sur la communication. Il y a des moments où ça m’a stressée, évidemment, mais aujourd’hui, je suis plutôt rassurée en voyant la manière dont elles utilisent ces outils. YouTube, par exemple, leur a énormément apporté en termes de culture et d’apprentissage.
À quel moment as-tu commencé à leur laisser plus de liberté (sorties, soirées, etc.) ?
Vers la fin du collège, en quatrième ou troisième. À cet âge, elles ont commencé à sortir plus souvent seules et à aller à des soirées.
Penses-tu que les parents espagnols sont plus souples avec leurs ados que les parents français ?
Oui, clairement. En tout cas, dans mon entourage, les parents espagnols ont un rapport plus détendu avec leurs ados. Les Français sont souvent plus stricts, surtout sur les horaires. Après, il ne faut pas généraliser, chaque famille a ses propres règles.
Te considères-tu comme une mère stricte ou plutôt cool ?
Nos enfants nous voient toujours comme trop stricts, peu importe notre niveau de souplesse ! Je pense être plutôt cool… mais moins que les Espagnols, surtout sur les horaires. Ici, les soirées se terminent beaucoup plus tard qu’en France, et c’est un vrai casse-tête à gérer.
Tes filles se sentent-elles parfois frustrées d’avoir moins de liberté que leurs amis ? Comment gères-tu ça ?
Bien sûr ! C’est un grand classique. Il y a toujours des comparaisons : « Les autres peuvent faire ça et pas nous… ». Depuis toujours, j’ai une règle simple : on ne se compare pas aux autres. Il y aura toujours mieux et pire ailleurs, mais ce qui compte, c’est ce qui est juste pour nous.
Leur donnes-tu de l’argent de poche ? As-tu des règles sur son utilisation ?
Oui, elles ont de l’argent de poche, elles le gèrent comme elles le veulent. Je n’impose pas de règles strictes : l’idée est qu’elles apprennent par elles-mêmes à faire des choix.
Penses-tu que leur donner de l’argent de poche les rend plus responsables ou, au contraire, pourrait les pousser à mal gérer ?
Je pense que leur donner de l’argent de poche le plus tôt possible les aide à apprendre à gérer un budget, à contrôler leurs envies de consommation et à comprendre la valeur des choses. C’est aussi une façon de leur montrer que l’argent ne tombe pas du ciel : si elles veulent quelque chose en particulier, elles peuvent toujours faire de petits boulots pour se l’offrir. C’est une première leçon sur la valeur du travail et l’indépendance financière.
Que conseillerais-tu à un parent d’ado à Barcelone qui s’inquiète pour la sécurité, le téléphone et les réseaux sociaux ?
Il n’y a pas de règle universelle, chaque ado est différent et chaque parent aussi. L’essentiel, c’est de rester connecté avec son enfant, de comprendre ses besoins et d’instaurer des règles claires.
Barcelone est une ville où les ados ont beaucoup de liberté, et ce n’est pas aussi risqué ou compliqué qu’on pourrait le croire. Il faut bien sûr être vigilant, mais sans tomber dans la paranoïa. La clé, c’est la communication et la confiance.
Quels sont tes conseils pour trouver un équilibre entre leur sécurité, leur liberté et ta sérénité ?
Pour moi, l’équilibre repose sur la communication et la confiance pour poser un cadre clair, mais leur laisser de l’autonomie. C’est un jeu d’équilibriste entre les laisser grandir et s’assurer qu’ils le fassent en toute sécurité.
